Le projet socialiste au banc d'essai : Faut-il relancer cette mesure phare du gouvernement Jospin ?

Publié le par psinfo

Les emplois-jeunes moins repoussoirs que le CPE

Pendant le débat sur le CPE à l'Assemblée nationale, au printemps dernier, c'était l'insulte en vogue sur les bancs de la droite à l'adresse des orateurs du PS : «Vous et vos emplois-jeunes, voilà tout ce que vous avez été en mesure de proposer contre le chômage...» Mesure phare du gouvernement Jospin,adoptée en 1997, la loi devait favoriser l'embauche pour cinq ans de 350 000 jeunes dans les secteurs public et associatif. Martine Aubry misait alors sur le développement, via un financement public, de secteurs jusque-là peu solvables, comme l'environnement ou l'accompagnement scolaire.

«Rester à flot». En 2002, la droite fracassait le bel outil, qui avait eu un mérite : «Mettre un pied dans l'emploi à des jeunes sans formation, qui n'auraient jamais pu trouver un premier travail», note un économiste. Surtout, «ces emplois ne sont rien d'autre qu'un outil jusque-là traditionnel de politique économique : quand la conjoncture se retourne et que le chômage risque à nouveau de frapper plus durement les nouveaux entrants sur le marché du travail, on les aide à rester à flot par de l'emploi public ou parapublic». Neuf ans plus tard, «le projet de projet» du PS reprend l'idée et souhaite «les réactiver dans les secteurs public et associatif», en liaison avec les «emplois-tremplins» existants dans certaines régions, et qui ne sont rien d'autre que des emplois-jeunes à la sauce régionale.

Etats généraux. Au lendemain de trois mois de crise sociale sur le CPE, le retour des emplois-jeunes n'est pourtant pas forcément salué par les «jeunes» eux-mêmes : «On aimerait pouvoir dépasser cette idée que notre statut social dépend uniquement d'un contrat», dit Hugo Vandamme, l'un des responsables nationaux de la JOC (Jeunesse ouvrière chrétienne). Le mouvement, très actif contre le CPE, organise partout en France des tables rondes sur l'emploi avec des jeunes, avant de rassembler des états généraux, fin septembre. Et partout en France, les participants, originaires de milieux populaires, disent une seule chose : «Ils veulent qu'on leur fasse confiance quand ils arrivent dans une entreprise, poursuit Hugo Vandamme. Qu'on reconnaisse qu'ils sont utiles, qu'ils apportent une valeur ajoutée.» Une attente finalement très éloignée de la création d'un contrat spécifique. «Ce qu'on ne veut plus, c'est être des emplois-jeunes si on est des animateurs spécialisés dans l'environnement», dit un membre de la JOC.

Autre demande forte, la question de l'accompagnement. En entreprise, mais aussi à l'ANPE. «Ils en ont marre de parler à chaque fois avec un conseiller différent, dit Hugo Vandamme. Raconter la même histoire à partir de zéro à chaque fois, c'est usant. Ça donne l'impression d'être un numéro, juste quelqu'un qu'on doit caser quelque part pour faire baisser les chiffres du chômage.»

«Une fleur». En septembre, les jocistes espèrent attirer les politiques à leur rassemblement. Hugo Vandamme poursuit : «Les jeunes que nous avons consultés n'ont pas l'habitude de consulter les programmes politiques, mais ils ont aujourd'hui des attentes.» Une de celles-ci: «Qu'on arrête de nous faire croire que quand on nous embauche on nous fait une fleur, que c'est par pitié qu'on nous prend.» Une demande de reconnaissance, d'utilité sociale. Et finalement, un emploi-jeune en la matière, c'est toujours mieux qu'un CPE.

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