Les coulisses des Etats Généraux de Bordeaux

Publié le par psinfo

Fataliste, Henri Emmanuelli, qui présidait, samedi 6 mai, les Etats généraux du PS sur l'emploi à Bordeaux, prévenait d'entrée : "Je sais aujourd'hui que l'état d'esprit n'est pas au projet mais aux élections présidentielles devenues une obsession." De fait, les débats préparatoires au projet du PS ne sont pas parvenus à éclipser ni l'affaire Clearstream ni, surtout, la compétition interne. Tous les présidentiables du parti avaient fait le déplacement. Et ils se sont soigneusement évités.

 

Le sondage IFOP pour le Journal du dimanche du lendemain était déjà connu et ajoutait à la nervosité. Selon cette enquête réalisée du 27 avril au 4 mai auprès de 681 sympathisants du PS, Ségolène Royal est considérée par 50 % des personnes interrogées comme "le meilleur candidat" pour 2007. La présidente de la région Poitou-Charentes domine, et de loin, les autres concurrents potentiels : en deuxième position, Lionel Jospin n'obtient que 14 % de réponses positives, Bernard Kouchner et Jack Lang 8 %, Dominique Strauss-Kahn 7 %, Laurent Fabius 5 %, Martine Aubry et François Hollande 3 %.

"La différence, elle va s'entendre, promettait dans les couloirs M. Strauss-Kahn, car dans le parti il va y avoir des débats, un dispositif pour voir qui est le plus apte. Nous devons sélectionner notre candidat en fonction de son aptitude à battre la droite et non en fonction des sondages." Laurent Fabius est apparu abattu. "Pour que la gauche l'emporte, il faut qu'elle soit rassemblée et pour qu'elle le soit, il faut une gauche de gauche", a-t-il répété avant d'appeler La Fontaine et ses fables à la rescousse. "Attention à ne pas vendre la peau de l'ours avant de l'avoir tué."

 

"JE NE RENIE RIEN"

 

"Ce qui compte, c'est l'aspiration des militants à vouloir tourner la page", indiquait pour sa part Mme Royal, qui s'est contentée d'une brève apparition dans un atelier sur la démocratie sociale pour s'interroger sur "l'obligation d'adhérer à un syndicat" afin de faire "émerger un syndicalisme de masse". "Cela permet des rapports de force radicaux quand c'est nécessaire et en même temps des consensus avec les entreprises, ça aussi c'est la modernité", a-t-elle déclaré.

Interrogée sur le revers électoral en Grande-Bretagne de Tony Blair, - dont elle avait vanté les mérites de sa politique -, Mme Royal a commencé ainsi : "Je ne veux pas improviser." Mais sa réponse était déjà toute prête : "Je ne renie rien de ce que j'ai dit, mais souvent, le troisième mandat, c'est le mandat de trop." Et d'ajouter : "Moi qui suis une responsable socialiste, je ne me réjouirai jamais que la gauche soit en difficulté dans un grand pays. Les Français sont intelligents."

A l'heure du déjeuner, Henri Emmanuelli a entrepris Martine Aubry. "Quand est-ce que tu te présentes ?", a insisté le député des Landes. "Il faudrait d'abord que l'on soit d'accord sur le fond, lui a répondu, amusée, la maire de Lille. Après, on verra." Arrivé sur ces entrefaites, François Hollande annonçait : "Je veux être responsable pour tous." Mais il devait, un peu plus tard, prononcer son discours de clôture, en l'absence de tous les présidentiables, repartis. Recevant des syndicalistes d'un sous-traitant d'EADS en difficulté, le premier secrétaire du PS leur a apporté son soutien, en s'empressant d'ajouter : "Nous sommes encore dans l'opposition, pour quelques mois... Mais on ne va pas parler d'EADS dans le contexte actuel..."

Au PS, chacun commence à rendre publics les noms des élus qui les soutiennent. Mais c'est toujours Ségolène Royal qui paraît en profiter. Lundi 8 mai, selon Libération, le président indépendantiste de Polynésie, Oscar Temaru, a appelé "dans toutes les communes, dans tous les archipels et dans tous les atolls" à la soutenir.

Isabelle Mandraud
Article paru dans l'édition du 09.05.06 http://www.lemonde.fr

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